11/9/1914

Avis de la compagnie des tramways bruxellois

(In: Le Quotidien, 11/9/1914)

Les tramways cessent de circuler après 22 heures.

Sur la ligne de Woluwe à Tervueren, de Woluwe à Boitsfort et Woluwe à Stockel, la circulation est interrompue à partir de 21 heures environ.

Les tramways ne circulent pas vers Vilvorde, ils sont arrêtés à la place Verbroeckhoven.

Sur la ligne d'Evere, les tramways sont arrêtés aux confins du territoire de Schaerbeek.

10/9/1914

[Emploi - Werkgelegenheid - Employment]

(In: Le Quotidien, 10/9/1914]

On nous fait savoir que dans de nombreux villages les autorités communales réclament des travailleurs pour faire la moisson, la plupart des agriculteurs ayant dû rejoindre leur régiment. Voilà donc pour les ouvriers industriels sans travail une occasion de gagner leur existence. Il sera facile aux intéressés de se mettre en rapport avec les bourgmestres des communes réclament des bras pour effectuer les travaux agricoles. 

S'adresser de préférence pour avoir des renseignements sur les salaires et les emplois disponibles pour les travaux agricoles aux autorités communales des localités suivantes: En Brabant: Lembecq, Bogaerden, Heffelighen; Province d'Anvers: Loenhout, Brecht, Pepinghem; Hainaut: Ledain, Pottes, Hérinnes, Nechin, Bossuyt, Ansereul.

20/08/1914 (3)

A Bruxelles. Humour et charité. Une zwance exhibition

(In: Le Soir, 20/08/1914)

Une des caractéristiques de notre peuple, c’est d’allier la gaieté au courage ; c’est au moment le plus périlleux, de ne pas perdre sa bonne humeur et d’aller en riant au danger comme si l’on s’en moquait, comme si on le dédaignait.

Des gardes civiques de Saint-Josse ont été « casernés » dans une école de la rue Dailly (au n°122). Que faire pour tromper l’ennui de si longues heures de garde ? Rire un peu, se moquer des redoutables ennemis qui nous menacent, railler le colosse, lui faire la nique, lui lancer la chiquenaude du gavroche.

Donc, les salles de l’école ont été transformées en des salles d’exhibition. Ce fut fait à la hâte. On se servit de ce que l’on avait sous la main. Les tableaux noirs étaient tout désignés pour recevoir les esquisses jaillies des imaginations facétieuses de nos gardes civiques.

On y représente un Allemand éclopé, atteint par nos balles, et au-dessus cette légende : « Je croyais trouver de la bière à Diest, il n’y a que des pruneaux ».

Voici Guillaume II, pris d’un accès de vomissements et rendant successivement les morceaux qu’il n’a pas pu absorber, trop considérables pour son estomac : Londres, Paris, la Belgique. C’est l’inévitable indigestion.

Sur un autre tableau noir, on voit, d’un côté, un soldat belge tirer, et, de l’autre, un Allemand lever les bras en signe de reddition. « Erbarmen ! = Grâce ! », dit-on au-dessus.

Un Allemand interroge l’horizon à l’aide d’une longue lunette d’approche. Il aperçoit dans le lointain le village de Steenockerzeel. « Est-ce Paris ? », demande-t-il ?

Un garçon présente la note à payer : Belgique, France, Angleterre, Russie. C’est le quart d’heure de Rab’ais.

Une Marollienne armée d’un balai s’avance, menaçante, vers un guerrier allemand : « Allez, dit-elle, allez, Fiske, gardez vos mains chez vous ! »

Puis quand nos bons gardes civiques eurent couvert les tableaux noirs de leurs croquis caricaturesques, ils avisèrent les divers objets qui se trouvaient à leur portée, et ceux-ci leur devinrent aussitôt matière à exercer leur verve. Une règle qu’on brisa est la règle de conduite des armées allemandes ; un porte-manteau servirait à la pendaison du chef de ces armées ; une buse est celle que remporterait leur généralissime ; le poêle est celui que le soldat allemand a dans la main…

Sans doute cet esprit est facile, mais il indique chez ceux qui seront peut-être les combattants de demain une sérénité qui est de bon augure. C’est ce que peuvent constater les visiteurs de cette Zwanze-Exhibition, après avoir déposé leur obole pour les œuvres charitables, qui nous sont sympathiques à tous.

20/08/1914 (2)

Jours de cauchemar. « Faisons provision d’énergie », écrit M. J. Destrée

(In: Le Soir, 20/08/1914)

destree 2012-05-30 10-11-49 21M. J. [Jules] Destrée écrit dans le « Journal de Charleroi » :

Il y aura des jours noirs. Il faut en être persuadé. Je ne veux point vous assombrir en écrivant cela. Je vous l’ai dit : je suis intimement convaincu du succès final. Mais, tout en gardant l’optimisme le plus raisonné, il ne faut point dissimuler qu’avant la fin de l’épreuve, nous connaîtrons de cruelles alternatives. Il vaut mieux les attendre avec courage et sérénité ; nous éviterons ainsi de cruelles déceptions.

Nous venons de passer quinze jours de cauchemar. Les quinze qui vont suivre seront probablement plus insupportables encore. Et pourtant nous avons déjà conjuré trois fièvres : celle de la monnaie, celle du ravitaillement, celle de l’espion. Nous acceptons avec résignation des désagréments qui nous auraient paru intolérables il y a un mois. Incertitudes des nouvelles générales et du sort de nos proches et de nos amis, difficultés des communications, suppression de la correspondance, corvées et patrouilles, injonctions de l’autorité, nous en avons pris notre parti et nous avons retrouvé notre bonne humeur.

Mais nous allons connaître d’autres fièvres et d’autres angoisses. Sur un front de 400 km, depuis Hasselt, au Nord jusqu’à Mulhouse, au sud, les deux armées sont en chocs terribles ; vont-elles se précipiter l’une sur l’autre en la plus formidable ruée sanguinaire qu’ait enregistrée l’histoire ? Nous ne le savons pas, et, quoiqu’il arrive, nous le saurons mal.

Ce n’est pas une bataille, c’est dix, vingt batailles qui sont imminentes, et nous serons comme si nous étions dans leur fumée, n’apercevant qu’un faible rayon autour de nous. Victoires ça, défaites là, sans que nous puissions apprécier l’importance de la victoire ou de la défaite, nous en aurons des échos partiels, défigurés, alors que ce sera notre sort même, notre avenir, peut-être notre existence qui se jouera.

Faisons donc des provisions d’énergie pour subir la tourmente. Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que même en temps de paix normale, nul n’est jamais sûr du lendemain. Et cette pensée qui n’a rien d’effrayant pour qui ose la regarder en face et s’y accoutumer contribue souvent à donner de la saveur, de la grande, de l’intensité à la vie.

Fuir, alors ? Vous me demandez s’il ne faut pas chercher ailleurs un abri ? N’y pensez pas. Il n’y a pas d’abri. Il n’y a pas un endroit au monde où ne vous suivront la menace, l’incertitude ou l’angoisse ; il n’y a de sécurité pour personne et pour aucun lieu ; éloigné des vôtres, vous trouverez la misère par l’impossibilité de vous employer, et le soupçon en raison de votre qualité d’étranger.

Non. Restons ici, serrés les uns contre les autres et décidés à nous aider et à nous encourager les uns les autres.

20/08/1914 (1)

Payons nos contributions

(In: Le Soir, 20/08/1914)

« C’est fort bien. Nous ne demandons pas mieux, nous écrivent de nombreux lecteurs. Mais nous ne pouvons plus toucher notre argent dans les banques, les mandats-poste ne nous arrivent plus, on ne peut plus vendre un titre, … »

Nos lecteurs ont raison. Nous soumettons leur légitime objection à Quidedroit.

19/08/1914 (4)

La Croix-Rouge. A Ixelles [Het Rode Kruis te Elsene - The Belgian Red Cross Comity of Ixelles]

(In: Le Soir, 19/08/1914)

L’administration communale d’Ixelles a chargé son service de l’hygiène d’organiser de nombreuses ambulances ; plusieurs complètement installées, sont agréées complètement par la Croix Rouge et réunissent plus de 200 lits. D’autres seront prêtes sous peu. Cinq cents blessés, au moins, pourront ainsi être soignés dans ces ambulances.

Elles sont situées: chaussée d’Ixelles, 69; rue de l’Aqueduc, 161; rue de la Paix, 39; chaussée de Wavre, 18; chaussée de Wavre, 28a; rue du Trône, 111; chaussée d’Ixelles, 131.

19/08/1914 (3)

La censure [belge] [De belgische censuur - Beglian censure]

(In: Le Soir, 19/08/1914)

Dans l’intérêt de la défense nationale, le général commandant la province a pris diverses mesures: parmi celles-ci, figure, vis-à-vis de la Presse, l’exercice d’une censure qui n’a évidemment rien de constitutionnel.

A quoi bon ergoter à ce propos ? Nous savons tous qu’au lendemain de la guerre de 70-71, les Allemands se vantèrent publiquement d’avoir été renseignés sur les mouvements de l’armée française par la presse parisienne et bruxelloise.

Voudrions-nous que pareille mesure se répétât ?

Nous sommes tous justement jaloux des prérogatives que nous donnèrent les Constituants. En ces heures troublées, qui donc songerait à réclamer l’exercice d’une prérogative quelconque ?

Que nous soyons au travail – dans l’usine, dans les champs ou à la rédaction, – nous devons être, nous sommes tous, aujourd’hui comme nos pères, nos enfants qui sont dans les rangs des soldats disciplinés de la nation levée, tout entière contre la barbarie.

La Constitution, la liberté de la Presse, qu’est-ce que tout cela, quand les envahisseurs sont là ?

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